Edmond Guibert : le cambusier.

Edmond Guibert, né dans la province de Guyenne dans un village le long de la Garonne à quelques pas de Bordeaux, est un ancien coq de la marine Royal française. Il a servi dans le Poli, un vaisseau de quatrième rang possédant deux-ponts de 650 tonneaux et 40 canons. Quand il n'est pas en mer, il farnac dans une auberge comme cuisinier. Mais pour arrondir ses fins de mois et payer un peu ses dettes de jeu, il braconne dans le bois de la Brède, domaine de Charles Louis de Secondat baron de La Brède et de Montesquieu.

Un jour, alors qu’il rentrait de la chasse avec un beau brocard sur ses épaules, le cuistancier fini pas se faire prendre et fut emmené directement devant le baron Charles Louis de Secondat pour s’expliquer et se faire juger. Habituellement ce crime est passible de mort mais le jeune baron n’en décida pas de cette façon et lui dit que « la justice consiste à mesurer la peine et la faute, et l'extrême justice est une injure ». Sa sentence fut plus moderne selon le baron : un rapport fut envoyé à la marine Royal française le discriminant comme étant indigne de confiance et une amende lui fut demandée. La douille était salée, il n'avait pas les moyens de la payer.
Ne sachant pas quoi faire, il décida de se mettre une ganarre dans une taverne pour « réfléchir un peu à sa situation ». A son réveille, ne se souvenant de rien, il se réveilla plein de pissagne accolé à un tonneau dans un navire marchant en direction de Saint-Domingue. Il se dit alors « bé à moi les poupous des indiennes ! Adiou les problèmes et adiou la baderne de Montesquieux avé ses idées modernes, il va finir avé un barot dans le ventreche, ji suis gâté et ji suis libre ! ». En bon catholique qu’il est, il bénit le seigneur (et la vinasse) de lui avoir permis de retrouver la mer et la liberté avant de se faire bugner à coup de bâton par le maitre d’équipage car il ne prenait pas part au nettoyage de la soute pleine de rogne.