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 Πολυχρόνιος " Χρόνης " Τζαννετάκης

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Glorieux Roi-Archevêque
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Date d'inscription : 27/09/2011
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MessageSujet: Πολυχρόνιος " Χρόνης " Τζαννετάκης   Πολυχρόνιος " Χρόνης " Τζαννετάκης I_icon_minitimeSam 8 Oct - 10:04

Bellerophóntēs était à bout de souffle. Jamais pareil effort ne lui avait été demandé tout au long de sa paisible vie de berger. Mais cette kri-kri là, elle avait tellement d’énergie qu’elle lui avait donné un fameux fil à retordre pour aller la récupérer.

C’était la première fois qu’il amenait son troupeau si près du versant méridional des Lefká Óri. Il avait senti une pointe d’énervement dans ses bêtes, un peu comme lorsqu’elles sentent poindre un violent orage. Mais ce jour, le ciel était d’un bleu intense sans le moindre nuage à l’horizon.

Juste avant que la chèvre ne s’enfuie en bêlant, il avait eu l’impression de voir la terreur dans son regard. Sa curiosité étant piquée à vif, il n’avait pu s’empêcher de la poursuivre, moins pour la rattraper que pour comprendre ce qu’il se passait.

Après sa course folle, Bellerophóntēs l’avait retrouvée figée à l’entrée d’une petite caverne. Il n’avait pas hésité très longtemps à rentrer, malgré les nombreux frissons qui lui parcouraient l’échine.

Au fond de la grotte, une petite lueur rosâtre luisait et l’attirait irrésistiblement tout autant qu’elle l’effrayait et lui donnait l’envie de fuir. Cette petite lumière émanait d’un petit rouleau de parchemin scellé. Chose étrange, il était écrit sur la partie extérieure du rouleau alors qu’il était roulé.

Dans un Grec approximatif on pouvait lire :

« Pa ouvrire avent trítê Hekatombaiốn, 4ème anez de 499 Olympiad »

Il se faisait que cette date correspondait aux Panathénées qui devaient se dérouler le lendemain même. Attendre une nuit pour ouvrir ce document n’était évidement pas envisageable pour notre berger. Il tourna donc le rouleau dans ses mains afin d’en découvrir le début. Mais il eu beau le tourner et le tourner encore, il ne s’agissait là que d’une boucle semblant infinie. Il voulu même le déchirer, mais rien n‘y fit.
Perplexe, il poussa sa chèvre à l’aide de son bâton et se rendit auprès du reste du troupeau.

Le lendemain, dès son réveil et sans trop y croire, Bellerophóntēs jetât un œil sur le parchemin. Le manuscrit était déroulé sur sa table de chevet, comme s’il avait été lu avant son réveil.

En voici la transcription : (Corrigée pour le confort du lecteur)


Lecteur,

Mon nom est Abû al-`Abbâs As-Saffah fondateur de Bagdad, berceau des Abbassides. J’ai gouverné le monde arabe durant plusieurs siècles. Chacune de mes vie ne fut pas la même, mais toutes me firent connaître la même gloire, les mêmes honneurs, le prix en étant les mêmes souffrances, les mêmes malheurs.

J’ai fait se déplacer mon peuple, des berges de l’Indus aux côtes atlantiques de l’Ibérie, j’ai porté tant de noms que certains survivront à plusieurs de mes vies.
Certains zélés disent que je suis Criamon. Alors la mémoire est plus faible que le destin. Mais je ne le crois pas.

Lors de ma dernière existence, j’ai tenté d’aller plus loin encore dans la compréhension de l’Enigma. Lorsque les Omeyyades dirigés par Al-Hakam nous chassèrent d’Ibérie pour Héraklion, que vous appelez aujourd’hui Candie depuis que les Vénitiens vous ont rachetés aux croisés, j’ai fait la rencontre d’un autre membre éminent de ma maison.
Dimitrianós ne cherchait pas la même chose que moi. Il voulait comprendre alors que j’aspirais plus à contrôler, utiliser.

Mais plus que ses dons, c’est de l’avoir rencontré deux fois qui m’a fait m’intéresser à lui. Même s’il l’a toujours nié, je reste persuadé qu’il a existé deux fois simultanément. Il s’agirait là d’une grande première, une rupture dans le cycle, une coexistence. Si cela devait s’avérer, nous ferions un pas de géant dans le déchiffrage de l’Enigma.

Dimitrianós vivait à Réthymno sur Candia, île fort peu peuplée, victime à maintes reprises de changements de gouvernance, fort peu de magi y vivaient. Il y découvrit son premier et unique disciple. Il l’emmena sur une voie que je ne pouvais concevoir.

Je me suis donc rendu au tribunal à Thèbes afin d’acquérir légitimement cet individu et l’étudier.

Ce jour, il sera là où vous avez trouvé ce parchemin. Réservez-lui bon accueil et laissez lui vous raconter d’où il vient.

Abû al-`Abbâs As-Saffah fondateur de Bagdad.


Fin du manuscrit.


D’un naturel curieux, Bellerophóntēs était dans son élément. Ravi de pouvoir s’abreuver directement à la source du mystère, il se rua hors de son abri pour se rendre à la caverne ou il avait trouvé le parchemin.

Haletant, il entra dans cette grotte humide et fraiche, frissonna et réalisa qu’un vieillard gisait au sol, à l’emplacement même du parchemin un jour plus tôt…
Le berger s’approcha de l’homme gisant. Ce dernier semblait dormir, il le secoua quelque peu, espérant provoquer chez lui une réaction, mais rien n’y fit. Il voulu alors le sortir de la grotte, tenta de l’empoigner, mais un corps ça pèse lourd et Bellerophóntēs n’était pas assez vigoureux pour cela.

Il choisit alors de vider une petite partie de sa gourde sur le visage du vieil homme. Cela fonctionna. Immédiatement, il fut assailli de questions mais sans provoquer la moindre réaction. Le vieillard se contenta juste de boire une gorgée d’eau à la gourde du berger et mangea quelques dattes sechées.

Bellerophóntēs ne voulait pas passer sa journée là à ne pas parler, il essaya donc d’amadouer son interlocuteur avec un petit morceau d’amygdalopita qu’il lui restait de la veille. Le vieillard le saisi machinalement, le porta à sa bouche et soudain… Ses pupilles se dilatèrent, sa bouche se figea bée, sa respiration se ralenti au point de s’arrêter.

Ce n’était pas du ressort de Bellerophóntēs, mais entrer dans l’esprit de cet homme lui aurait permis de voir un petit gamin jovial déguster un morceau d’amygdalopita à la table d’une petite cuisine modeste, cela sous le regard bien veillant de sa yaya.

Une fois le petit gâteau avalé, un lent débit de paroles s’écoula de sa bouche.


Je suis Minoen. Du mois, c’est ce que ma yaya m’a toujours dit. D’après elle, nous somme issus de la première grande civilisation connue, les fondateurs de Knôsós, premiers êtres à fouler la terre de Krḗtē. Elle racontait qu’il suffisait de fermer les yeux, de respirer calmement et que nous pourrions retrouver au fond de notre mémoire les traces de nos vies précédentes.

Elle était aussi très douée dans la fabrication de l’amygdalopita. Elle employait pour ce faire les amandes que j’allais chiper chez le voisin. Je revis encore ces moments aujourd’hui, comme si nul temps ne s’était écoulé. Je vois encore les écorchures sur mes genoux pour avoir fuis précipitamment le lieu de mon larcin afin d’éviter les morsures canines sur mes fesses !

Ma jeunesse n’a jamais été plus palpitante qu’un morceau de gâteau, les gens avaient tendance à m’éviter. Non pas qu’il eut été de ma volonté de me faire mal voir ou de mal agir, aucun gamin ne fait cela, mais le courant n’est jamais passé entre moi et le reste du monde.

Sans amis, j’ai préféré une vie de réclusion, j’ai donc assez vite quitté Réthymno, l’une des grandes villes de l’île pour préférer m’installer comme pécheur à Panormo. Le grand avantage était qu’il n’y avait que quelques autres pêcheurs rustres et qu’avec une petite demi-journée à dos d’âne je pouvais encore aller saluer ma yaya et le reste de ma famille.

Hélas ma carrière n’y a pas été phénoménale, à croire que même avec les poissons le courant passait mal… J’avais énormément de mal à subsister à mes propres besoins.
Je ne savais pas encore que cela ferait basculer ma vie, mais j’eu la chance de croiser la route d’un certain Dimitrianós, ce dernier, dans un premier temps, proposa de me nourrir à la condition que je vienne vivre chez lui à Réthymno et que j’abandonne mon métier de pêcheur.

Il me fallut un mois pour me décider, mais j’acceptai. Je ne comprenais pas trop ce que je pourrais lui apporter, mais lui me certifiait que j’avais bien plus à lui offrir qu’un bol de gruau par jour. C’est à ce moment que commença mon initiation aux arts de la magie. Il m’expliqua pourquoi tous ces gens étaient mal à l’aise avec moi, j’avais développé un don rare.

Nous avons alors passé plusieurs années à nous contenter de méditer, à tout faire pour ressenti les choses les plus simples ou les plus infimes. Ecouter le bruit d’un murmure ou voir le mouvement d’une esquisse. En plus de cela, mon maître, puisque c’est comme ça que je l’appelais, m’enseigna les arts magiques à proprement parler.

Cette période fut une des plus belles de ma vie, je la regrette encore aujourd’hui.

Tout changea lorsque je suis tombé gravement malade, une forme de choléra. C’est le moment que choisit mon maître pour me conduire au tribunal de Thèbes. Non seulement parce qu’il aurait du le faire depuis fort longtemps, mais aussi et surtout pour me guérir, ses pouvoirs ne le permettant pas.

Cet épisode est assez confus pour moi, je passais d’une phase de semi-coma à des phases de douleurs intenses. Difficile pour moi de vous la décrire d’avantage. Ce que je peux certifier c’est que j’y ai été vendu.

Je me suis réveillé dans les caves de Muizz ad-Dawla Musta’sim. Il s’agissait d’un mage lui aussi. C’était lui qui m’avait acheté et soigné. Ma relation avec ce nouveau maître ne fut évidement pas aussi bonne qu’avec le précédent.

L’enseignement était tout différent. Muizz ad-Dawla Musta’sim délaissa quelques temps l’art de la médiation pour une érudition plus poussée. Il m’apprit que Dimitrianós, lui et moi étions de la maison Criamon, il me parla du tribunal de Thèbes et de l’histoire de l’Ordre d’Hermès, des choses dont on ne m’avait jamais parlé auparavant.

Il était nettement plus engagé dans l’étude des cycles du temps, il prétendait avoir été Abû al-`Abbâs As-Saffah et compter dans ses vies antérieures de nombreuses vies de gloire et de puissance.

Ce qu’il me révéla à mon sujet était que j’étais une des vies de Dimitrianós. Que lui et moi n’étions qu’un et que nous avions chamboulé l’ordre des choses en coexistant. L’étude de mon c as lui permettrait donc de percer le secret de l’Enigma.

Hélas, tout cela était resté fort mystérieux pour moi puisque par la suite, je devins plus un sujet d’étude qu’un disciple. Ma formation s’était arrêtée là.

Quelques mois comme cobaye s’écoulèrent jusqu’à hier. Dimitrianós a soudainement fait irruption dans les caves de mon propriétaire. Il était fébrile et semblait avoir pris cent ans. Il m’annonça que nous allions regagner le temps perdu, qu’il était maintenant capable de me renvoyer dans le passé, là même ou il m’avait laissé partir avec Muizz ad-Dawla !

Je le vois encore incanter devant moi, je vois aussi l’arrivée de Muizz ad-Dawla. Je revois le cartamen, je revois le rituel s’enclencher. Tout cela, je le revois.

Je m’appelais Polikhrónios Tzannetákis, nous étions au début de la 475ème olympiade.

J’avais 19 ans.

Il n’y avait rien autour, juste quelques sensations ; le froid, le mal-être. Chrónis flottait dans un environnement inconnu. Il ne respirait pas, ne ressentait pas la faim. Plus de notion de temps.

Sa vue n’était plus, une espèce de nappe de brouillard d’un rose fadasse était son seul décor.

S’est alors dégagé un être, semblable à un homme. Impossible de dire s’il était beau, grand, seule la pureté semblait émaner de lui. Il avançait vers Chrónis en courant, ses pieds ne touchaient aucun sol, mais ses sandales aillées le faisaient se mouvoir très rapidement.

Une fois face au mage, il lui sembla démesurément grand, il tendit son sceptre vers lui et murmura, je vais te renvoyer ou cela est possible.


Et me voilà ici aujourd’hui. Plus de cent ans se sont écoulés, mais un seul jour pour mon esprit. Il semble que le rituel de Dimitrianós ait échoué et que je ne doive mon retour en Krḗtē qu’à l’intervention de quelqu’un d’autre.

J’observe aujourd’hui mon reflet dans l’eau que vous me tendez dans ce bol. Mon corps lui a bien vieillit. Ma barbe blanche et mes rides trahissent les années.
A bien observer ce reflet, peut-être Muizz ad-Dawal disait vrai, je suis persuadé de voir le visage de Dimitrianós, mon maître…

Une fois sa vigueur retrouvée, Polikhrónios décida de quitter cette grotte aidé de son nouveau compagnon Bellerophóntēs. Il sentait son corps rouillé et vieillit mais parvenait tout de même à se mouvoir.

A la sortie de la grotte, tous deux aperçurent une petite troupe de soldats, sans nul doute des musulmans. Chrónis frémit, cela lui rappelait quelques mauvais souvenirs.

Leur chef se présenta en la personne de Al-Mânsur. Il venait pour chercher Chrónis, cela faisait un siècle que leur groupuscule subsistait dans l’attente de deux êtres. Le premier était Chrónis et devait être en ce lieu en cet instant, le second devait être la réincarnation de Abû al-`Abbâs As-Saffah mais personne ne savait ou et quand. Ceci dit, la seule présence de Chrónis affirmait que la seconde venue ne pouvait être que vraie.

Chrónis fut donc prié de suivre ses nouveaux hôtes, de gré ou de force. Ce dernier accepta, trop perdu et troublé pour opposer la moindre résistance. Bellerophóntēs lui promit de veiller sur la caverne au cas où. Chrónis, quant à lui, s’engagea à revenir.

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MessageSujet: Re: Πολυχρόνιος " Χρόνης " Τζαννετάκης   Πολυχρόνιος " Χρόνης " Τζαννετάκης I_icon_minitimeSam 8 Oct - 11:37

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