Chapitre 8 : Un Automne Vicié

Au tournoi qui était donné en son honneur, le preux général Guigues de Tonnerre fut défait et succomba à ses blessures. Le chevalier, diminué par la maladie, n'était pas en état de se battre convenablement. L'étendard de bataille qui lui était échu, symbole d'espoir et de force pour l'empire latin, a en même temps disparu. Comme le savent les mages, ce désastre pour les Latins a été orchestré par Létos, un mystérieux assassin du Cercle des Innommables, qui n'est autre que Sirkys, sous un déguisement surnaturel.

D'autre part, grâce à l'interrogatoire du maléficien capturé dans les catacombes, les mages apprennent que le chef de cette cabale infernale n'est autre qu'Ottaviano Quirino, le Podestat vénitien en personne !

Le pouvoir Latin est donc en bien mauvaise posture à Constantinople, avec en plus le Despote d’Épire, dernier souverain grec de la région et guerrier sanguinaire, qui presse le royaume de Thessalonique avec ses troupes de mercenaires...

Un été aride vient de s'écouler, qui a frappé Constantinople de disette. Heureusement, cette mauvaise nouvelle est compensée par l'arrêt des activités excavatrices des Templiers dans la capitale et de leur chasse au sorcières... Cependant, les tensions entre populations latines et autochtones, affamées, sont à leur comble.

Dans ce contexte, les mages essayent tout de même de s'installer plus solidement dans Constantinople. Avec l'aide de Venator et du marchand vénitien Bruno Zeno, Urien s'approprie une villa abandonnée de l'Exokionion. Au cours de l'été, les réparations vont bon train et, à l'automne, le bâtiment est déjà fonctionnel.

De son côté, Admetos s'emploie à faire fructifier l'accord passé avec le rabbin Elijah et les marchands juifs, grâce à ses contacts commerciaux et aux ressources du Khan d'Ismène. Il recrute aussi de nouveaux artisans.

Tout n'est pas rose, néanmoins : des actes de sabotages se multiplient dans la cité ; incendies des greniers, puits empoisonnés, qui provoquent des émeutes et menacent de déclencher la guerre civile...

Discremen se renseigne sur ces événements et se rend rapidement compte que ces exactions émanent de personnages connus : Tantale de Merinita, assisté de l'amazone Clymène. Ayant entretemps visité Erebos, le Criamon apprend que dans la région d'Ohrid, une sorcière rebelle a rassemblé autour d'elle une clique de mécontents -- dont les deux susnommés -- qui projettent de semer le chaos en Grèce.

D'un commun accord avec Petros de Jerbiton et les Antigones, rejoint par Dédalion ex Miscellanea, les mages décident qu'il faut faire cesser les agissements de ces fauteurs de troubles qui ne font qu'aggraver la situation des mages grecs ; ils se dirigent donc vers Erebos afin d'essayer de discuter avec les "renégats"...

Discremen, Urien et Actéon, accompagnés de Sirkys et Akir, se rendent donc à Erebos. Sur place, ils ont l'occasion de rencontrer certaines des Sorcières de Thessalie -- Destasia, Kerseia et Aidôneus --, pour s'entretenir avec elles de la situation. Ils croisent aussi le chef des Maîtres de Bêtes, Kolian Angueloff.

Les Sorcières se révèlent inquiètes quant au conflit qui gronde entre Marie de Bulgarie et les Tremere, qui se cachent dans l'ombre, respectivement, du Despote d'Epire et du Tsar de Bulgarie.

Les mages poursuivent leur route vers Ohrid, dans l'espoir de pouvoir négocier avec le boyar et les sorciers qui l'entourent. Contournant les lacs Prespa et Ohrid, les mages ont l'occasion d'entendre les chants féeriques qui émanent du premier lac et de contempler le vol des Bêtes de Cœur Bjornaers qui s'élancent depuis l'île centrale du second, pour surveiller leur territoire et ses alentours.

La cité en elle-même est plongée dans une atmosphère sombre : les mercenaires du despote ont envahi rues et tavernes, d'inquiétantes chauves-souris survolent la ville pendant la nuit, aspirant, murmurent les habitants, le sang des imprudents qui négligent de fermer leurs volets au coucher du soleil...

Les mages repèrent finalement Clymène, l'Amazone, qui commandent des troupes aux ordres du boyar. Reconnaissant ses anciens sauveteurs, elle leur arrange une entrevue avec le fils du seigneur local. Les mages ont alors l'occasion de faire connaissance avec le hideux conseiller du boyar, un sorcier Koldun venu de Transylvanie, qui n'a que haine pour l'Ordre d'Hermès et, en particulier, la Maison Tremere. Malgré l'hostilité affichée de leurs hôtes, les mages parviennent à obtenir un entretien avec Marie de Bulgarie, entourée des deux précédents, mais aussi de l'Amazone et de Tantale de Merinita.

L'impératrice déchue se montre inflexible : elle est bien déterminée à aider jusqu'au bout le despote et à affronter Bulgares et Tremere. Elle semble très sûre de son pouvoir et de sa victoire à venir, et ses nouveaux alliés la soutiennent indéfectiblement.

Mèdén lui-même, au nom de l'unité du Cercle, essaye alors de convaincre Marie de renoncer à son projet insensé. Son altesse impériale lui révèle alors la vraie nature de son pouvoir, capable d'étouffer le Don d'un mage hermétique, grâce à un Lien qu'elle a établi avec l'esprit de la plus grande sorcière renégate de l'histoire : Viea, soeur jumelle de la fondatrice Trianoma et apprentie gâchée de Bonisagus.

De retour à Erebos pour chercher conseil auprès des sorcières, les mages ont la possibilité, grâce à Destasia et Aidôneus, de s'entretenir avec les infâmes Filles d'Erichtho, sorcières rebelles et impies des montagnes de Macédoine. Ces dernières sont disposés à partager avec eux des informations : elles considèrent Marie comme une traîtresse et elle a été bannie du Cercle. Son pouvoir, elle le détient grâce à des defixiones dérobées dans un sanctuaire des Filles d'Erichtho et à un manuscrit Criamon, extrait des Voyages de Fedoso, arraché aux mains du mage Monorchis de Tremere. Ce dernier est entre les griffes des sorcières qui le remettent aux mages en signe de bonne volonté. En bien piteux état, ayant manifestement souffert mille tourments, le Tremere est enfermé sans résistance par Discremen dans une caverne d'Erebos.

Entretemps, à Constantinople, Actéon discute avec Petros de la meilleure marche à suivre pour les Antigones. Ils parviennent à la conclusion que, dans tous les cas, l'issue du conflit présente un avantage pour eux : soit Marie et ses alliés sont anéantis par les Tremere, Thessalonique est sauvée et le calme revient à Constantinople ; soit les sorciers renégats repoussent l'offensive des Tremere, affaiblissant considérablement Gigas pour un long temps et diminuant son influence dans le Tribunal...

C'est maintenant sur nos amis mages, porte-paroles de leurs factions respectives, Actéon, Discremen, Venator, Akir et Urien de prendre la décision qui s'impose et de choisir leur camp, pour assumer ensuite définitivement les conséquences de leur choix. Peut-être Ignir et Dhoukàs, de même qu'Ardale et Eurdydice feront, de leur côté, porter leur voix sur la sentence finale...

Le temps que ce dernier conflit se règle, l'automne aura filé, plongeant notre empire dans son traditionnel repos hivernal. Et c'est au printemps, avec le Tribunal, qu'un nouveau cycle de vie reprendra. Nul doute que l'issue finale de la bataille à venir pèsera lourdement sur le déroulement de cet événement inaugural...

Dans la villa de l'Exokoinion, les mages reçoivent un message de Petros : ce dernier est en route pour Venise et pense avoir un moyen de mettre en difficulté la Ligue des Tremere au prochain Tribunal, à condition que le conflit entre le Despote d’Épire et les forces bulgares s'éternise. Il demande donc à ses alliés de s'assurer que la guerre soit longue et indécise, que les affrontement durent au moins jusqu'à l'hiver...

Pendant ce temps, l'armée de Bulgarie marche sur Ohrid. Aux côtés des Tremere, Venator planifie une stratégie, tandis que chez Marie de Bulgarie, Urien et Ignir s'apprêtent à défendre leurs positions. Les mages ont l'intention de profiter du chaos de la bataille pour infliger autant de dégâts que possible aux deux camps et supprimer la sorcière renégate. Il s'agit de retarder l'arrivée des Tremere suffisamment longtemps pour s'en octroyer le crédit et se faire bien voir d'eux, tout en les affaiblissant si l'occasion se présente...

Un peu avant le début des hostilités, Eurydice de Merinita, envoyée à Constantinople par Lucian l’Érudit pour retrouver la piste de son sodale Tantale, tente de convaincre le vieux mage de se retirer du combat. Malheureusement, le Merinita se montre obstiné et refuse de renoncer à soutenir Marie de Bulgarie.

Chacun des mages se sera illustré sur le champ de bataille. Dans un premier temps, c'est Eurydice, la dryade, envoyée en éclaireur dans les forêts environnantes pour signaler la position des troupes ennemies, qui donne l'avantage au camp d'Ohrid. Surprise par l'avant-garde ennemie, elle parvient grâce à son affinité avec les arbres, à mettre leurs combattants en déroute et à alerter les défenseurs du fort le plus proche.

Au Fort-aux-chevaux, les défenses ont été confiées au commandement d'Ignir. Les premiers assaillants se présentent déterminés devant ses palissades, mais le Flambeau les extermine dans un tremblement de la terre et un déluge de flammes, sans même avoir besoin de faire intervenir ses troupes.

Dans la cité même, grâce aux informations fournies par Venator, le fils du boyar effectue une sortie pour balayer les troupes bulgares qui mènent un assaut surprise par le lac, qu'ils ont traversé grâce à des radeaux étonnamment rapides... Malheureusement, le seigneur Devan, encerclé par un groupe d'ennemis, tombe à l'eau et menace de se noyer. C'est Urien de Jerbiton qui intervient depuis les remparts, traversant le champ de bataille pour secourir le jeune héros.

Une nouvelle menace se présente : la cavalerie de réserve bulgare descend du nord pour s'abattre sur la ville. Akir ex Miscellanea part à leur rencontre à la tête d'un groupe de cavaliers et parvient à les retenir suffisamment longtemps pour que les défenses d'Ohrid puissent se repositionner et s'apprêter à les recevoir...

Toutefois, les forces ennemies déjà présentent dans la ville parviennent à mettre le feu au bastion de la porte, ce qui provoque la fuite de ses défenseurs. Discremen se jette dans la brèche et, au milieu des flammes, parvient à repousser à lui seul les groupes d'assaillants barbares.

A ce moment, l'armée d'Ohrid a pris l'avantage et les forces bulgares entament leur retraite. Dans un élan d'enthousiasme désordonné, les défenseurs de la ville se lance à leur poursuite, laissant derrière eux une forteresse pratiquement désertée. Les mages saisissent l'occasion pour aller débusquer Marie de Bulgarie dans sa tour, tandis que les Tremere, eux-aussi, s'approchent subrepticement du château...

Entretemps, Médèn a tout de même réussi à attirer Allectores, resté à l'arrière des lignes, dans un piège et à le capturer...

La sorcière dispose encore, néanmoins, de quelques hommes fidèles. A la tête de vétérans, l'Amazone Clymène barre le chemin aux mages. Ces derniers entament le combat tandis que Venator et Actéon parviennent à se glisser dans la salle de guerre. Là, ils font face à la renégate et à son allié Koldun. Ils réussissent à mettre ce dernier hors de combat, mais, grâce au pouvoir de Veia, Marie arrive à suspendre le Don des mages et à fuir.

De retour dans la cour du château, Actéon et Venator rencontrent les Tremere qui saluent leur bravoure et sont convaincus de leur loyauté à la cause de la Ligue contre l'Idolâtrie. Malgré l'évasion de Marie de Bulgarie, les mages semblent donc avoir atteint leur objectif, ce qui leur permettra de redorer leur blason lors du prochain Tribunal...